1866 Victor Hugo n'oublie pas le peuple de Guernesey avec qui il vit maintenant depuis plusieurs années (11 ans) sur l'île du même nom en leurs consacrant le roman « Les Travailleurs de la mer » publié cette année de 1866. 1866, La femme de lettre Judith Gautier, fille de Théophile Gautier âgée de 21 ans, lui rend visite sur l'île de Guernesey. Mort de sa femme.

L’homme en songeant descend au gouffre près du dolmen qui domine Rozel,À l’endroit où le cap se prolonge en presqu’ spectre m’attendait ; l’être sombre et tranquilleMe prit par les cheveux dans sa main qui grandit,M’emporta sur le haut du rocher, et me dit Sache que tout connaît sa loi, son but, sa route ;Que, de l’astre au ciron, l’immensité s’écoute ;Que tout a conscience en la création ;Et l’oreille pourrait avoir sa vision,Car les choses et l’être ont un grand parle, l’air qui passe et l’alcyon qui vogue,Le brin d’herbe, la fleur, le germe, l’ donc l’univers autrement ?Crois-tu que Dieu, par qui la forme sort du nombre,Aurait fait à jamais sonner la forêt sombre,L’orage, le torrent roulant de noirs limons,Le rocher dans les flots, la bête dans les monts,La mouche, le buisson, la ronce où croît la mûre,Et qu’il n’aurait rien mis dans l’éternel murmure ?Crois-tu que l’eau du fleuve et les arbres des bois,S’ils n’avaient rien à dire, élèveraient la voix ?Prends-tu le vent des mers pour un joueur de flûte ?Crois-tu que l’océan, qui se gonfle et qui lutte,Serait content d’ouvrir sa gueule jour et nuitPour souffler dans le vide une vapeur de bruit,Et qu’il voudrait rugir, sous l’ouragan qui vole,Si son rugissement n’était une parole ?Crois-tu que le tombeau, d’herbe et de nuit vêtu,Ne soit rien qu’un silence ? et te figures-tuQue la création profonde, qui composeSa rumeur des frissons du lys et de la rose,De la foudre, des flots, des souffles du ciel bleu,Ne sait ce qu’elle dit quand elle parle à Dieu ?Crois-tu qu’elle ne soit qu’une langue épaissie ?Crois-tu que la nature énorme balbutie,Et que Dieu se serait, dans son immensité,Donné pour tout plaisir, pendant l’éternité,D’entendre bégayer une sourde-muette ?Non, l’abîme est un prêtre et l’ombre est un poëte ;Non, tout est une voix et tout est un parfum ;Tout dit dans l’infini quelque chose à quelqu’un ;Une pensée emplit le tumulte n’a pas fait un bruit sans y mêler le comme toi, gémit ou chante comme moi ;Tout parle. Et maintenant, homme, sais-tu pourquoiTout parle ? Écoute bien. C’est que vents, ondes, flammesArbres, roseaux, rochers, tout vit !Tout est plein d’ comment ? Oh ! voilà le mystère tu ne t’es pas en route évanoui, n’a créé que l’être le fit radieux, beau, candide, adorable,Mais imparfait ; sans quoi, sur la même hauteur,La créature étant égale au créateur,Cette perfection, dans l’infini perdue,Se serait avec Dieu mêlée et confondue,Et la création, à force de clarté,En lui serait rentrée et n’aurait pas création sainte où rêve le prophète,Pour être, ô profondeur ! devait être Dieu fit l’univers, l’univers fit le créé, paré du rayon baptismal,En des temps dont nous seuls conservons la mémoire,Planait dans la splendeur sur des ailes de gloire ;Tout était chant, encens, flamme, éblouissement ;L’être errait, aile d’or, dans un rayon charmant,Et de tous les parfums tour à tour était l’hôte ;Tout nageait, tout la première fauteFut le premier sentit une poids prit une forme, et, comme l’oiseleurFuit emportant l’oiseau qui frissonne et qui lutte,Il tomba, traînant l’ange éperdu dans sa mal était fait. Puis, tout alla s’aggravant ;Et l’éther devint l’air, et l’air devint le vent ;L’ange devint l’esprit, et l’esprit devint l’ tomba, des maux multipliant la somme,Dans la brute, dans l’arbre, et même, au-dessous d’eux,Dans le caillou pensif, cet aveugle vils qu’à regret les anges énumèrent !Et de tous ces amas des globes se formèrent,Et derrière ces blocs naquit la sombre mal, c’est la matière. Arbre noir, fatal réfléchis-tu pas lorsque tu vois ton ombre ?Cette forme de toi, rampante, horrible, sombre,Qui liée à tes pas comme un spectre vivant,Va tantôt en arrière et tantôt en avant,Qui se mêle à la nuit, sa grande sœur funeste,Et qui contre le jour, noire et dure, proteste,D’où vient-elle ? De toi, de ta chair, du limonDont l’esprit se revêt en devenant démon ;De ce corps qui, créé par ta faute première,Ayant rejeté Dieu, résiste à la lumière ;De ta matière, hélas ! de ton ombre dit — Je suis l’être d’infirmité ;Je suis tombé déjà ; je puis tomber encore. —L’ange laisse passer à travers lui l’aurore ;Nul simulacre obscur ne suit l’être aromal ;Homme, tout ce qui fait de l’ombre a fait le c’est ici le rocher fatidique,Et je vais t’expliquer tout ce que je t’indique ;Je vais t’emplir les yeux de nuit et de front triste, aux funèbres vent d’en haut sur moi passe, et, ce qu’il m’arrache,Je te le jette ; prends, et d’abord, sacheQue le monde où tu vis est un monde effrayantDevant qui le songeur, sous l’infini ployant,Lève les bras au ciel et recule soleil est lugubre et ta terre est habitez le seuil du monde vous n’êtes pas hors de Dieu complétement ;Dieu, soleil dans l’azur, dans la cendre étincelle,N’est hors de rien, étant la fin universelle ;L’éclair est son regard, autant que le rayon ;Et tout, même le mal, est la création,Car le dedans du masque est encor la figure.— Ô sombre aile invisible à l’immense envergure !Esprit ! esprit ! esprit ! m’écriai-je spectre poursuivit sans m’avoir entendu Faisons un pas de plus dans ces choses tu veux, tu fais, tu construis et tu fondes,Et tu dis — Je suis seul, car je suis le n’a que moi dans sa morne deçà, c’est la nuit ; au-delà, c’est le est un œil que la science moi qui suis la fin et qui suis le sommet. —Voyons ; observes-tu le bœuf qui se soumet ?Écoutes-tu le bruit de ton pas sur les marbres ?Interroges-tu l’onde ? et, quand tu vois des arbres,Parles-tu quelquefois à ces religieux ?Comme sur le versant d’un mont prodigieux,Vaste mêlée aux bruits confus, du fond de l’ombre,Tu vois monter à toi la création rocher est plus loin, l’animal est plus le faîte altier et vivant, tu parais !Mais, dis, crois-tu que l’être illogique nous trompe ?L’échelle que tu vois, crois-tu qu’elle se rompe ?Crois-tu, toi dont les sens d’en haut sont éclairés,Que la création qui, lente et par degrés,S’élève à la lumière, et, dans sa marche entière,Fait de plus de clarté luire moins de matièreEt mêle plus d’instincts au monstre décroissant,Crois-tu que cette vie énorme, remplissantDe souffles le feuillage et de lueurs la tête,Qui va du roc à l’arbre et de l’arbre à la bête,Et de la pierre à toi monte insensiblement,S’arrête sur l’abîme à l’homme, escarpement ?Non, elle continue, invincible, admirable,Entre dans l’invisible et dans l’impondérable,Y disparaît pour toi, chair vile, emplit l’azurD’un monde éblouissant, miroir du monde obscur,D’êtres voisins de l’homme et d’autres qui s’éloignent,D’esprits purs, de voyants dont les splendeurs témoignent,D’anges faits de rayons comme l’homme d’instincts ;Elle plonge à travers les cieux jamais atteints,Sublime ascension d’échelles étoilées,Des démons enchaînés monte aux âmes ailées,Fait toucher le front sombre au radieux orteil,Rattache l’astre esprit à l’archange soleil,Relie, en traversant des millions de lieues,Les groupes constellés et les légions bleues,Peuple le haut, le bas, les bords et le milieu,Et dans les profondeurs s’évanouit en Dieu !Cette échelle apparaît vaguement dans la vieEt dans la mort. Toujours les justes l’ont gravie Jacob en la voyant, et Caton sans la échelons sont deuil, sagesse, exil, cette échelle vient de plus loin que la qu’elle commence aux mondes du mystère,Aux mondes des terreurs et des perditions ;Et qu’elle vient, parmi les pâles visions,Du précipice où sont les larves et les crimes,Où la création, effrayant les abîmes,Se prolonge dans l’ombre en spectre au-dessous du globe où vit l’homme banni,Hommes, plus bas que vous, dans le nadir livide,Dans cette plénitude horrible qu’on croit vide,Le mal, qui par la chair, hélas ! vous asservit,Dégorge une vapeur monstrueuse qui vit !Là sombre et s’engloutit, dans des flots de désastres,L’hydre Univers tordant son corps écaillé d’astres ;Là, tout flotte et s’en va dans un naufrage obscur ;Dans ce gouffre sans bord, sans soupirail, sans mur,De tout ce qui vécut pleut sans cesse la cendre ;Et l’on voit tout au fond, quand l’œil ose y descendre,Au delà de la vie, et du souffle et du bruit,Un affreux soleil noir d’où rayonne la nuit !Donc, la matière pend à l’idéal, et tireL’esprit vers l’animal, l’ange vers le satyre,Le sommet vers le bas, l’amour vers l’ le grand qui croule elle fait le de tant d’azur tant de terreur s’engendre,Comment le jour fait l’ombre et le feu pur la cendre,Comment la cécité peut naître du voyant,Comment le ténébreux descend du flamboyant,Comment du monstre esprit naît le monstre matière,Un jour, dans le tombeau, sinistre vestiaire,Tu le sauras ; la tombe est faite pour savoir ;Tu verras ; aujourd’hui tu ne peux qu’entrevoir ;Mais, puisque Dieu permet que ma voix t’avertisse,Je te d’abord, qu’est-ce que la justice ?Qui la rend ? qui la fait ? où ? quand ? à quel moment ?Qui donc pèse la faute ? et qui le châtiment ?L’être créé se meurt dans la lumière il sait où le bien cesse, où le mal commence ;Il a ses actions pour suffitQu’il soit méchant ou bon ; tout est dit. Ce qu’on fit,Crime, est notre geôlier, ou, vertu, nous ouvre à son insu de lui-même le livre ;Sa conscience calme y marque avec le doigtCe que l’ombre lui garde ou ce que Dieu lui agit, et l’on gagne ou l’on perd à mesure ;On peut être étincelle ou bien éclaboussure ;Lumière ou fange, archange au vol d’aigle ou bandit ;L’échelle vaste est là. Comme je te l’ai dit,Par des zones sans fin la vie universelleMonte, et par des degrés innombrables ruisselle,Depuis l’infâme nuit jusqu’au charmant en la traversant devient mauvais ou haut plane la joie ; en bas l’horreur se que l’âme, aimante, humble, bonne, sereine,Aspire à la lumière et tend vers l’idéal,Ou s’alourdit, immonde, au poids croissant du mal,Dans la vie infinie on monte et l’on s’élance,Ou l’on tombe ; et tout être est sa propre ne nous juge point. Vivant tous à la fois,Nous pesons, et chacun descend selon son ! nous n’approchons que les paupières closesDe ces immensités d’en si tu l’oses !Regarde dans ce puits morne et vertigineux,De la création compte les sombres nœuds,Viens, vois, sonde Au-dessous de l’homme qui contemple,Qui peut être un cloaque ou qui peut être un temple,Être en qui l’instinct vit dans la raison dissous,Est l’animal courbé vers la terre ; au-dessousDe la brute est la plante inerte, sans paupièreEt sans cris ; au-dessous de la plante est la pierre ;Au-dessous de la pierre est le chaos sans dans cette ombre et sois mon faute qu’on fait est un cachot qu’on s’ mauvais, ignorant quel mystère les couvre,Les êtres de fureur, de sang, de trahison,Avec leurs actions bâtissent leur prison ;Tout bandit, quand la mort vient lui toucher l’épauleEt l’éveille, hagard, se retrouve en la geôleQue lui fit son forfait derrière lui rampant ;Tibère en un rocher, Séjan dans un marche sans voir ce qu’il fait dans l’ pâlirait s’il voyait sa victime ;C’est lui. L’oppresseur vil, le tyran, sombre fou,En frappant sans pitié sur tous, forge le clouQui le clouera dans l’ombre au fond de la tombeaux sont les trous du crible cimetière,D’où tombe, graine obscure en un ténébreux champ,L’effrayant tourbillon des méchantFait naître en expirant le monstre de sa vie,Qui le saisit. L’horreur par l’horreur est gronde enfermé dans la montagne à pic ;Quand Dalila descend dans la tombe, un aspicSort des plis du linceul, emportant l’âme fausse ;Phryné meurt, un crapaud saute hors de la fosse ;Ce scorpion au fond d’une pierre dormant,C’est Clytemnestre aux bras d’Égisthe son amant ;Du tombeau d’Anitus il sort une ciguë ;Le houx sombre et l’ortie à la piqûre aiguëPleurent quand l’aquilon les fouette, et l’aquilonLeur dit Tais-toi, Zoïle ! et souffre, Ganelon !Dieu livre, choc affreux dont la plaine au loin gronde,Au cheval Brunehaut le pavé Frédégonde ;La pince qui rougit dans le brasier hideuxEst faite du duc d’Albe et de Philippe deux ;Farinace est le croc des noires boucheries ;L’orfraie au fond de l’ombre a les yeux de Jeffryes ;Tristan est au secret dans le bois d’un tombent dans la mort tous ces brigands, Macbeth,Ezzelin, Richard trois, Carrier, Ludovic Sforce,La matière leur met la chemise de ! comme en son bonheur, qui masque un sombre arrêt,Messaline ou l’horrible Isabeau frémirait,Si, dans ses actions du sépulcre voisines,Cette femme sentait qu’il lui vient des racines,Et qu’ayant été monstre, elle deviendra fleur !À chacun son forfait ! à chacun sa douleur !Claude est l’algue que l’eau traîne de havre en havre ;Xercès est excrément, Charles neuf est cadavre ;Hérode, c’est l’osier des berceaux vagissants ;L’âme du noir Judas, depuis dix-huit cents ans,Se disperse et renaît dans les crachats des hommes ;Et le vent qui jadis soufflait sur les SodomesMêle, dans l’âtre abject et sous le vil chaudron,La fumée Érostrate à la flamme tout, bête, arbre et roche, étant vivant sur terre,Tout est monstre, excepté l’homme, esprit que sa noirceur chasse du firmamentDescend dans les degrés divers du châtimentSelon que plus ou moins d’obscurité la en est la prison, la bête en est le bagne,L’arbre en est le cachot, la pierre en est l’ ciel d’en haut, le seul qui soit splendide et clair,La suit des yeux dans l’ombre, et, lui jetant l’aurore,Tâche, en la regardant, de l’attirer chute ! dans la bête, à travers les barreauxDe l’instinct obstruant de pâles soupiraux,Ayant encor la voix, l’essor et la prunelle,L’âme entrevoit de loin la lueur éternelle ;Dans l’arbre elle frissonne, et, sans jour et sans yeux,Sent encor dans le vent quelque chose des cieux ;Dans la pierre elle rampe, immobile, muette,Ne voyant même plus l’obscure silhouetteDu monde qui s’éclipse et qui s’évanouit,Et face à face avec son crime dans la en ces trois cachots traîne sa faute elle en a la forme, elle en a la mémoire ;Elle sait ce qu’elle est ; et, tombant sans appuis,Voit la clarté décroître à la paroi du puits ;Elle assiste à sa chute, et, dur caillou qui roule,Pense Je suis Octave ; et, vil chardon qu’on foule,Crie au talon Je suis Attila le géant ;Et, ver de terre au fond du charnier, et rongeantUn crâne infect et noir, dit Je suis hibou, malgré l’aube, ours, en bravant le pâtre,Elle accomplit la loi qui l’enchaîne d’en haut ;Pierre, elle écrase ; épine, elle pique ; il le monstre est enfermé dans son horreur aurait beau vouloir dépouiller l’épouvante ;Il faut qu’il reste horrible et reste châtié ;Ô mystère ! le tigre a peut-être pitié !Le tigre sur son dos, qui peut-être eut une aile,À l’ombre des barreaux de la cage éternelle ;Un invisible fil lie aux noirs échafaudsLe noir corbeau dont l’aile est en forme de faulx ;L’âme louve ne peut s’empêcher d’être le monstre est tenu, sous le ciel qui l’éprouve,Dans l’expiation par la sans la comprendre et d’un œil hébété,L’Inde a presque entrevu cette ronce devient griffe, et la feuille de roseDevient langue de chat, et, dans l’ombre et les cris,Horrible, lèche et boit le sang de la souris ;Qui donc connaît le monstre appelé mandragore ?Qui sait ce que, le soir, éclaire le fulgore,Être en qui la laideur devient une clarté ?Ce qui se passe en l’ombre où croît la fleur d’étéEfface la terreur des antiques effrayants ! cavernes sur obscure du mal, du crime et du remord !Donc, une bête va, vient, rugit, hurle, mord ;Un arbre est là, dressant ses branches hérissées,Une dalle s’effondre au milieu des chausséesQue la charrette écrase et que l’hiver détruit,Et, sous ces épaisseurs de matière et de nuit,Arbre, bête, pavé, poids que rien ne soulève,Dans cette profondeur terrible, une âme rêve !Que fait-elle ? Elle songe à Dieu !Fatalité !Échéance ! retour ! revers ! autre côté !Ô loi ! pendant qu’assis à table, joyeux groupes,Les pervers, les puissants, vidant toutes les coupes,Oubliant qu’aujourd’hui par demain est guetté,Étalent leur mâchoire en leur folle gaîté,Voilà ce qu’en sa nuit muette et colossale,Montrant comme eux ses dents tout au fond de la salle,Leur réserve la mort, ce sinistre rieur !Nous avons, nous, voyants du ciel supérieur,Le spectacle inouï de vos régions songeur, fallait-il qu’en ces nuits tu tombasses !Nous écoutons le cri de l’immense d’un rocher, d’un loup ou d’une fleur,Parfois nous apparaît l’âme à mi-corps sortie,Pauvre ombre en pleurs qui lutte, hélas ! presque engloutie ;Le loup la tient, le roc étreint ses pieds qu’il tord,Et la fleur implacable et féroce la entendons le bruit du rayon que Dieu lance,La voix de ce que l’homme appelle le silence,Et vos soupirs profonds, cailloux désespérés !Nous voyons la pâleur de tous les fronts travers la matière, affreux caveau sans portes,L’ange est pour nous visible avec ses ailes assistons aux deuils, au blasphème, aux regrets,Aux fureurs ; et, la nuit, nous voyons les forêts,D’où cherchent à s’enfuir les larves enfermées,S’écheveler dans l’ombre en lugubres partout, partout ! dans les flots, dans les bois,Dans l’herbe en fleur, dans l’or qui sert de sceptre aux rois,Dans le jonc dont Hermès se fait une baguette,Partout, le châtiment contemple, observe ou guette,Sourd aux questions, triste, affreux, pensif, hagard ;Et tout est l’œil d’où sort ce terrible châtiment ! dédale aux spirales funèbres !Construction d’en bas qui cherche les ténèbres,Plonge au-dessous du monde et descend dans la nuit,Et, Babel renversée, au fond de l’ombre fuit !L’homme qui plane et rampe, être crépusculaire,En est le est clémence et colère ;Fond vil du puits, plateau radieux de la tour ;Degré d’en haut pour l’ombre, et d’en bas pour le y descend, la bête après la mort y monte ;Pour la bête, il est gloire, et, pour l’ange, il est honte ;Dieu mêle en votre race, hommes infortunés,Les demi-dieux punis aux monstres là vient que parfois, mystère que Dieu mène !On entend d’une bouche en apparence humaineSortir des mots pareils à des rugissements,Et que, dans d’autres lieux et dans d’autres moments,On croit voir sur un front s’ouvrir des ailes d’ forçat, l’homme, esprit, pense, et, matière, en lui ne se peut dresser sur son comme la brute abreuvé de néant,Vide toutes les nuits le verre noir du chaîne de l’enfer, liée au pied de l’homme,Ramène chaque jour vers le cloaque impurLa beauté, le génie, envolés dans l’azur,Mêle la peste au souffle idéal des poitrines,Et traîne, avec Socrate, Aspasie aux un côté pourtant l’homme est monstre a le carcan, l’homme a la retiens ceci l’homme est un est une prison où l’âme reste dans l’homme, agit, fait le bien, fait le mal,Remonte vers l’esprit, retombe à l’animal ;Et pour que, dans son vol vers les cieux, rien ne lieSa conscience ailée et de Dieu seul remplie,Dieu, quand une âme éclôt dans l’homme au bien poussé,Casse en son souvenir le fil du passé ;De là vient que la nuit en sait plus que l’ monstre se connaît lorsque l’homme s’ monstre est la souffrance, et l’homme est l’ est l’unique point de la créationOù, pour demeurer libre en se faisant meilleure,L’âme doive oublier sa vie ! au seuil de tout l’esprit rêve ne voit pas Dieu, mais peut aller à lui,En suivant la clarté du bien, toujours présente ;Le monstre, arbre, rocher ou bête rugissante,Voit Dieu, c’est là sa peine, et reste enchaîné a l’amour pour aile, et pour joug le est sur ce qu’il voit par lui-même semée ;La nuit sort de son œil ainsi qu’une fumée ;Homme, tu ne sais rien ; tu marches, pâlissant !Parfois le voile obscur qui te couvre, ô passant,S’envole et flotte au vent soufflant d’une autre sphère,Gonfle un moment ses plis jusque dans la lumière,Puis retombe sur toi, spectre, et redevient mages, tes penseurs ont essayé de voir ;Qu’ont-ils vu ? qu’ont-ils fait ? qu’ont-ils dit, ces fils d’Ève ? ! autour de toi la création êtres inconnus t’entourent dans ton vas, tu viens, tu dors sous leur regard obscur,Et tu ne les sens pas vivre autour de ta une légion d’âmes t’est asservie ;Pendant qu’elle te plaint, tu la foules aux tes pas vers le jour sont par l’ombre que tu nommes chose, objet, nature morte,Sait, pense, écoute, entend. Le verrou de ta porteVoit arriver ta faute et voudrait se vitre connaît l’aube, et dit Voir ! croire ! aimer !Les rideaux de ton lit frissonnent de tes les mauvais desseins quand, rêveur, tu te plonges,La cendre dit au fond de l’âtre sépulcral Regarde-moi ; je suis ce qui reste du ! l’homme imprudent trahit, torture, bête en son enfer voit les deux bouts du crime ;Un loup pourrait donner des conseils à ! homme ! aigle aveuglé, moindre qu’un moucheron !Pendant que dans ton Louvre ou bien dans ta chaumièreTu vis, sans même avoir épelé la premièreDes constellations, sombre alphabet qui luitEt tremble sur la page immense de la nuit,Pendant que tu maudis et pendant que tu nies,Pendant que tu dis Non ! aux astres ; aux génies Non ! à l’idéal Non ! à la vertu Pourquoi ?Pendant que tu te tiens en dehors de la loi,Copiant les dédains inquiets ou robustesDe ces sages qu’on voit rêver dans les vieux bustes,Et que tu dis Que sais-je ? amer, froid, mécréant,Prostituant ta bouche au rire du néant,À travers le taillis de la nature énorme,Flairant l’éternité de ton museau difforme,Là, dans l’ombre, à tes pieds, homme, ton chien voit ! je t’entends. Tu dis — Quel deuil ! la bête est peu,L’homme n’est rien. Ô loi misérable ! ombre ! abîme ! —Ô songeur ! cette loi misérable est faut donc tout redire à ton esprit chétif !À la fatalité, loi du monstre captif,Succède le devoir, fatalité de l’ de toutes parts l’épreuve se consomme,Dans le monstre passif, dans l’homme intelligent,La nécessité morne en devoir se changeant ;Et l’âme, remontant à sa beauté première,Va de l’ombre fatale à la libre je te le redis, pour se transfigurer,Et pour se racheter, l’homme doit doit être aveuglé par toutes les quoi, comme l’enfant guidé par des lisières,L’homme vivrait, marchant droit à la est sa puissance et sa voit la rose, et nie ; il voit l’aurore, et doute ;Où serait le mérite à retrouver sa route,Si l’homme, voyant clair, roi de sa volonté,Avait la certitude, ayant la liberté ?Non. Il faut qu’il hésite en la vaste nature,Qu’il traverse du choix l’effrayante aventure,Et qu’il compare au vice agitant son miroir,Au crime, aux voluptés, l’œil en pleurs du devoir ;Il faut qu’il doute ! hier croyant, demain impie ;Il court du mal au bien ; il scrute, sonde, épie,Va, revient, et, tremblant, agenouillé, debout,Les bras étendus, triste, il cherche Dieu partout ;Il tâte l’infini jusqu’à ce qu’il l’y sente ;Alors, son âme ailée éclate frémissante ;L’ange éblouissant luit dans l’homme transparent,Le doute le fait libre, et la liberté, captivité sait ; la liberté suppose,Creuse, saisit l’effet, le compare à la cause,Croit vouloir le bien-être et veut le firmament ;Et, cherchant le caillou, trouve le ainsi que du ciel l’âme à pas lents s’ le monstre, elle expie ; en l’homme, elle ton fauve univers est le forçat de constellations, sombres lettres de feu,Sont les marques du bagne à l’épaule du votre région tant d’épouvante abonde,Que, pour l’homme, marqué lui-même du fer chaud,Quand il lève les yeux vers les astres, là-haut,Le cancer resplendit, le scorpion flamboie,Et dans l’immensité le chien sinistre aboie !Ces soleils inconnus se groupent sur son frontComme l’effroi, le deuil, la menace et l’affront ;De toutes parts s’étend l’ombre incommensurable ;En bas l’obscur, l’impur, le mauvais, l’exécrable,Le pire, tas hideux, fourmillent ; tout au fond,Ils échangent entre eux dans l’ombre ce qu’ils font ;Typhon donne l’horreur, Satan donne le crime ;Lugubre intimité du mal et de l’abîme !Amours de l’âme monstre et du monstre univers !Baiser triste ! et l’informe engendré du pervers,La matière, le bloc, la fange, la géhenne,L’écume, le chaos, l’hiver, nés de la haine,Les faces de beauté qu’habitent des démons,Tous les êtres maudits, mêlés aux vils limons,Pris par la plante fauve et la bête féroce,Le grincement de dents, la peur, le rire atroce,L’orgueil, que l’infini courbe sous son niveau,Rampent, noirs prisonniers, dans la nuit, noir porte, affreuse et faite avec de l’ombre, est lourde ;Par moments, on entend, dans la profondeur sourde,Les efforts que les monts, les flots, les ouragans,Les volcans, les forêts, les animaux brigands,Et tous les monstres font pour soulever le sur cet amas d’ombre, et de crime, et de peine,Ce grand ciel formidable est le scellé de pourquoi, songeur dont la mort est le vœu,Tant d’angoisse est empreinte au front des cénobites !Je viens de te montrer le gouffre. Tu l’ mondes, dans la nuit que vous nommez l’azur,Par les brèches que fait la mort blême à leur mur,Se jettent en fuyant l’un à l’autre des votre globe où sont tant de geôles infâmes,Vous avez des méchants de tous les univers,Condamnés qui, venus des cieux les plus divers,Rêvent dans vos rochers ou dans vos arbres ploient ;Tellement stupéfaits de ce monde qu’ils voient,Qu’eussent-ils la parole, ils ne pourraient en sent quelques-uns frissonner et là les songes vains du bronze et de l’ représente-toi cette sombre figure Ce gouffre, c’est l’égout du mal vient aboutir de tous les points du cielLa chute des punis, ténébreuse cette profondeur, morne, âpre, infortunée,De chaque globe il tombe un flot vertigineuxD’âmes, d’esprits malsains et d’être vénéneux,Flot que l’éternité voit sans fin se étoile au front d’or qui brille, laisse pendreSa chevelure d’ombre en ce puits immortelle, vois, et frémis en voyant Voilà le précipice exécrable où tu ! qui que vous soyez, qui passez dans ces ombres,Versez votre pitié sur ces douleurs sans fond !Dans ce gouffre, où l’abîme en l’abîme se fond,Se tordent les forfaits, transformés en supplices,L’effroi, le deuil, le mal, les ténèbres complices,Les pleurs sous la toison, le soupir expiréDans la fleur, et le cri dans la pierre muré !Oh ! qui que vous soyez, pleurez sur ces misères !Pour Dieu seul, qui sait tout, elles sont nécessaires ;Mais vous pouvez pleurer sur l’énorme cachotSans déranger le sombre équilibre d’en haut !Hélas ! hélas ! hélas ! tout est vivant ! tout pense !La mémoire est la peine, étant la ! comme ici l’on souffre et comme on se souvient !Torture de l’esprit que la matière tient !La brute et le granit, quel chevalet pour l’âme !Ce mulet fut sultan, ce cloporte était est un exilé, la roche est un que, quelque part, par hasard, quelqu’un ritQuand ces réalités sont là, remplissant l’ombre ?La ruine, la mort, l’ossement, le décombre,Sont vivants. Un remords songe dans un l’œil profond qui voit, les antres sont des ! le cygne est noir, le lys songe à ses crimes ;La perle est nuit ; la neige est la fange des cimes ;Le même gouffre, horrible et fauve, et sans abri,S’ouvre dans la chouette et dans le colibri ;La mouche, âme, s’envole et se brûle à la flamme ;Et la flamme, esprit, brûle avec angoisse une âme ;L’horreur fait frissonner les plumes de l’oiseau ;Tout est fleurs souffrent sous le ciseau,Et se ferment ainsi que des paupière closes ;Toutes les femmes sont teintes du sang des roses ;La vierge au bal, qui danse, ange aux fraîches couleurs,Et qui porte en sa main une touffe de fleurs,Respire en soupirant un bouquet d’ sur les laideurs et les ignominies,Pleurez sur l’araignée immonde, sur le ver,Sur la limace au dos mouillé comme l’hiver,Sur le vil puceron qu’on voit aux feuilles pendre,Sur le crabe hideux, sur l’affreux scolopendre,Sur l’effrayant crapaud, pauvre monstre aux doux yeux,Qui regarde toujours le ciel mystérieux !Plaignez l’oiseau de crime et la bête de que Domitien, césar, fit avec joie,Tigre, il le continue avec horreur. Verrès,Qui fut loup sous la pourpre, est loup dans les forêts ;Il descend, réveillé, l’autre côté du rêve ;Son rire, au fond des bois, en hurlement s’achève ;Pleurez sur ce qui hurle et pleurez sur ces tombeaux vivants, masqués d’obscurs arrêts,Penchez-vous attendri ! versez votre prière !La pitié fait sortir des rayons de la le louveteau, plaignez le matière, affreux bloc, n’est que le lourd monceauDes effets monstrueux, sortis des sombres pitié. Voyez des âmes dans les ! le cabanon subit aussi l’écrou ;Plaignez le prisonnier, mais plaignez le verrou ;Plaignez la chaîne au fond des bagnes insalubres ;La hache et le billot sont deux êtres lugubres ;La hache souffre autant que le corps, le billotSouffre autant que la tête ; ô mystères d’en haut !Ils se livrent une âpre et hideuse bataille ;Il ébrèche la hache, et la hache l’entaille ;Ils se disent tout bas l’un à l’autre Assassin !Et la hache maudit les hommes, sombre essaim,Quand, le soir, sur le dos du bourreau, son ministre,Elle revient dans l’ombre, et luit, miroir sinistre,Ruisselante de sang et reflétant les cieux ;Et, la nuit, dans l’étal morne et silencieux,Le cadavre au cou rouge, effrayant, glacé, blême,Seul, sait ce que lui dit le billot, tronc ! que la terre est froide et que les rocs sont durs !Quelle muette horreur dans les halliers obscurs !Les pleurs noirs de la nuit sur la colombe blancheTombent ; le vent met nue et torture la branche ;Quel monologue affreux dans l’arbre aux rameaux verts !Quel frisson dans l’herbe ! Oh ! quels yeux fixes ouvertsDans les cailloux profonds, oubliettes des âmes !C’est une âme que l’eau scie en ses froides lames ;C’est une âme que fait ruisseler le ! l’univers est hagard. Chaque soir,Le noir horizon monte et la nuit noire tombe ;Tous deux, à l’occident, d’un mouvement de tombe,Ils vont se rapprochant, et, dans le firmament,Ô terreur ! sur le joug, écrasé lentement,La tenaille de l’ombre effroyable se ! les berceaux font peur. Un bagne est dans un pitié, vous tous et qui que vous soyez !Les hideux châtiments, l’un sur l’autre broyés,Roulent, submergeant tout, excepté les on voit passer dans ces profondeurs noires,Comme un rayon lointain de l’éternel amour ;Alors, l’hyène Atrée et le chacal Timour,Et l’épine Caïphe et le roseau Pilate,Le volcan Alaric à la gueule écarlate,L’ours Henri huit, pour qui Morus en vain pria,Le sanglier Selim et le porc Borgia,Poussent des cris vers l’Être adorable ; et les bêtesQui portèrent jadis des mitres sur leurs têtes,Les grains de sable rois, les brins d’herbe empereurs,Tous les hideux orgueils et toutes les fureurs,Se brisent ; la douceur saisit le plus farouche ;Le chat lèche l’oiseau, l’oiseau baise la mouche ;Le vautour dit dans l’ombre au passereau Pardon !Une caresse sort du houx et du chardon ;Tous les rugissements se fondent en prières ;On entend s’accuser de leurs forfaits les pierres ;Tous ces sombres cachots qu’on appelle les fleursTressaillent ; le rocher se met à fondre en pleurs ;Des bras se lèvent hors de la tombe dormante ;Le vent gémit, la nuit se plaint, l’eau se lamente,Et, sous l’œil attendri qui regarde d’en haut,Tout l’abîme n’est plus qu’un immense ! espérez ! espérez, misérables !Pas de deuil infini, pas de maux incurables,Pas d’enfer éternel !Les douleurs vont à Dieu comme la flèche aux cibles ;Les bonnes actions sont les gonds invisiblesDe la porte du deuil est la vertu, le remords est le pôleDes monstres garrottés dont le gouffre est la geôle ;Quand, devant Jéhovah,Un vivant reste pur dans les ombres charnelles,La mort, ange attendri, rapporte ses deux ailesÀ l’homme qui s’en enfers se refont édens ; c’est là leur globe est un oiseau que le mal tient et je vous le dis,Les vertus, parmi vous, font ce labeur augusteD’augmenter sur vos fronts le ciel ; quiconque est justeTravaille au approche. Espérez. Rallumez l’âme éteinte !Aimez-vous ! aimez-vous ! car c’est la chaleur sainte,C’est le feu du vrai sombre univers, froid, glacé, pesant, réclameLa sublimation de l’être par la flamme,De l’homme par l’ dans l’océan d’ombre que Dieu domine,L’archipel ténébreux des bagnes s’illumine ;Dieu, c’est le grand aimant ;Et les globes, ouvrant leur sinistre prunelle,Vers les immensités de l’aurore éternelleSe tournent lentement !Oh ! comme vont chanter toutes les harmonies,Comme rayonneront dans les sphères béniesLes faces de clarté,Comme les firmaments se fondront en délires,Comme tressailleront toutes les grandes lyresDe la sérénité,Quand, du monstre matière ouvrant toutes les serres,Faisant évanouir en splendeurs les misères,Changeant l’absinthe en miel,Inondant de beauté la nuit diminuée,Ainsi que le soleil tire à lui la nuéeEt l’emplit d’arcs-en-ciel,Dieu, de son regard fixe attirant les ténèbres,Voyant vers lui, du fond des cloaques funèbresOù le mal le pria,Monter l’énormité bégayant des louanges,Fera rentrer, parmi les univers archanges,L’univers paria !On verra palpiter les fanges éclairées,Et briller les laideurs les plus désespéréesAu faîte le plus haut,L’araignée éclatante au seuil des bleus pilastresLuire, et se redresser, portant des épis d’astres,La paille du cachot !La clarté montera dans tout comme une sève ;On verra rayonner au front du bœuf qui rêveLe céleste croissant ;Le charnier chantera dans l’horreur qui l’encombre,Et sur tous les fumiers apparaîtra dans l’ombreUn Job resplendissant !Ô disparition de l’antique anathème !La profondeur disant à la hauteur Je t’aime !Ô retour du banni !Quel éblouissement au fond des cieux sublimes !Quel surcroît de clarté que l’ombre des abîmesS’écriant Sois béni !On verra le troupeau des hydres formidablesSortir, monter du fond des brumes insondablesEt se transfigurer ;Des étoiles éclore aux trous noirs de leurs crânes,Dieu juste ! et, par degrés devenant diaphanes,Les monstres s’azurer !Ils viendront, sans pouvoir ni parler ni répondre,Éperdus ! on verra des auréoles fondreLes cornes de leur front ;Ils tiendront dans leur griffe, au milieu des cieux calmes,Des rayons frissonnants semblables à des palmes ;Les gueules baiseront !Ils viendront ! ils viendront ! tremblants, brisés d’extase,Chacun d’eux débordant de sanglots comme un vase,Mais pourtant sans effroi ;On leur tendra les bras de la haute demeure,Et Jésus, se penchant sur Bélial qui pleure,Lui dira C’est donc toi !Et vers Dieu par la main il conduira ce frère ;Et, quand ils seront près des degrés de lumièrePar nous seuls aperçus,Tous deux seront si beaux, que Dieu dont l’œil flamboieNe pourra distinguer, père ébloui de joie,Bélial de Jésus !Tout sera dit. Le mal expirera, les larmesTariront ; plus de fers, plus de deuils, plus d’alarmes ;L’affreux gouffre inclémentCessera d’être sourd, et bégaiera Qu’entends-je ?Les douleurs finiront dans toute l’ombre ; un angeCriera Commencement !

PaucaMeae, Victor Hugo : analyse. Pauca Meae est le Livre IV de l'ouvrage Les Contemplations écrit par Victor Hugo en 1856 composé de 158 poèmes en 6 livres. Le recueil est également divisé en deux grandes parties : Autrefois et Aujourd'hui. La mort inattendue par noyade de sa fille, Léopoldine, marque justement la transition entre ces

Le matin – En dormantJ’entends des voix. Lueurs à travers ma cloche est en branle à l’église des baigneurs. Plus près ! plus loin ! non, par ici !Non, par là ! Les oiseaux gazouillent, Jeanne l’appelle. Chant des coqs. Une truelleRacle un toit. Des chevaux passent dans la d’une faux qui coupe le Rumeurs. Des couvreurs marchent sur la du port. Sifflement des machines militaire arrivant par sur le quai. Voix françaises. Adieu. Sans doute il est tard, car voiciQue vient tout près de moi chanter mon de marteaux lointains dans une clapote. On entend haleter un mouche entre. Souffle immense de la Hugo
Lâpre attendrissement qui dors sous ta colère. Ton long regard de haine à tous les inhumains. Et les pieds des enfants réchauffés dans tes mains ; Ceux-la, femme, devant ta majesté farouche. Méditaient, et malgré l’amer pli de ta bouche. Malgré le maudisseur qui, s’acharnant sur toi.

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RégisDebray nous propose de réhabiliter la fraternité, notion ces temps-ci oubliée, délaissée, ringardisée, alors qu’elle est la 3 ème des « trois marches du perron suprême »,
On vit, on parle, on a le ciel et les nuages Sur la tête ; on se plaît aux livres des vieux sages ; On lit Virgile et Dante ; on va joyeusement En voiture publique à quelque endroit charmant, En riant aux éclats de l’auberge et du gîte ; Le regard d’une femme en passant vous agite ; On aime, on est aimé, bonheur qui manque aux rois ! On écoute le chant des oiseaux dans les bois Le matin, on s’éveille, et toute une famille Vous embrasse, une mère, une soeur, une fille ! On déjeune en lisant son journal. Tout le jour On mêle à sa pensée espoir, travail, amour ; La vie arrive avec ses passions troublées ; On jette sa parole aux sombres assemblées ; Devant le but qu’on veut et le sort qui vous prend, On se sent faible et fort, on est petit et grand ; On est flot dans la foule, âme dans la tempête ; Tout vient et passe ; on est en deuil, on est en fête ; On arrive, on recule, on lutte avec effort… Puis, le vaste et profond silence de la mort ! Voter pour ce poème!

jedois faire une introduction sur "on vit on parle de Victor Hugo cependant j'ai peu de mal à trouver ma phrase d'accroche. pourriez vous m'aider svp !!!! (seconde) On vit, on parle, on a le ciel et les nuages Sur la tête ; on se plaît aux livres des vieux sages ; On lit Virgile et Dante ; on va joyeusement En voiture publique à quelque endroit charmant, En riant aux éclats

Envoyé par Rouany Wahiba Elaboration d'une fiche pédagogique sur le poème Le Mendiant» de Victor Hugo Le Mendiant Un pauvre homme passait dans le givre et le cognai sur ma vitre ; il s'arrêta devantMa porte, que j'ouvris d'une façon ânes revenaient du marché de la ville,Portant les paysans accroupis sur leurs le vieux qui vit dans une niche au basDe la montée, et rêve, attendant, solitaire,Un rayon du ciel triste, un liard de la terre,Tendant les mains pour l'homme et les joignant pour lui criai Venez vous réchauffer un vous nommez-vous ? » Il me dit Je me nommeLe pauvre. » Je lui pris la main Entrez, brave homme.»Et je lui fis donner une jatte de vieillard grelottait de froid ; il me parlait,Et je lui répondais, pensif et sans l'entendre. Vos habits sont mouillés », dis-je, il faut les étendre,Devant la cheminée. » Il s'approcha du manteau, tout mangé des vers, et jadis bleu,É talé largement sur la chaude fournaise,Piqué de mille trous par la lueur de braise,Couvrait l'âtre, et semblait un ciel noir pendant qu'il séchait ce haillon désoléD'où ruisselait la pluie et l'eau des fondrières,Je songeais que cet homme était plein de prières,Et je regardais, sourd à ce que nous disions,Sa bure où je voyais des constellations. Victor Hugo,Les Contemplations1856 Module poésie Séquence I; Séance 1 Niveau 2ème année bac Durée 2H Activité Lecture méthodique. Capacité Analyser un poème de manière méthodique. Compétence s'approprier les outils de la lecture et de l'analyse d'un poème. Support Le mendiant» de Victor Hugo Déroulement de la séance Introduction Le mendiant est un court poème de Victor Hugo 1802-1885, tiré des Contemplations 1856; un recueil regroupant 158 poèmes. Hugo est un écrivain, poète, homme politique, académicien et intellectuel engagé français du XIXe siècle. Il est considéré comme le plus important des écrivains romantiques de langue française. Identification du texte quel est le genre du texte? Poème Quel en est l'auteur? Victor Hugo Le titre? Celui du recueil? Le mendiant»; Les Contemplations. Hypothèses de lecture D'après le titre du poème, dites sur quoi s'articule le poème? Les élèves émettent des hypothèses de lecture par exemple la description du mendiant, son état d'âme,… Axes de lecture illusion du réel Un tableau de la vie ordinaire Quels sont les personnages de ce poème? Deux personnages le poète le narrateur et un pauvre. Que fait le poète-narrateur vis-à-vis du pauvre? Il reçoit le pauvre, Ma porte, que j'ouvris d'une façon civile. Où et quand se passe cette scène? La scène se passe en décembre; le givre et le vent; le vieillard grelotait de froid.Un décor représentant des scènes simples de la réalité quotidienne paysans accroupis sur leurs bâts, âne; marché. Comment le mendiant est représenté par le poète? Hugo emploie un vocabulaire familier pour la description du mendiant C'était le vieux qui vit dans une niche au bas / De la montée, et rêve, attendant, solitaire. Puis la vision devient de plus en plus proche ce qui engendre la modification du tonTendant les mains pour l'homme et les joignant pour Dieu. Il s'agit mendiant qui rêve et rejet de la fréquentation des hommes solitaire, uniquement contact avec la nature un rayon de ciel triste. Le pauvre est un être plus près de dieu que les autres hommes. Le dépassement du réel Expliquez le vers suivant Semblait un ciel noir étoilé? Hugo compare le manteau du pauvre à un ciel vaste ; bleu initialement mais il devient sombre avec le temps. Relevez à partir du texte, les mots ou les occurrences qui renvoient au mendiant? Un pauvre vers 1 le vieux vers 6 Le pauvre vers 12 brave homme vers 12 Le vieillard vers 14 cet homme était plein de prières vers 24 Qu'est ce qui caractérise ce mendiant? Le mendiant devient un envoyé de Dieu, intermédiaire entre Dieu et le poète pleins de prières. La particularité du poète passer de la réalité à des visions particulières grâce à son regard. L'implication du poète Qu'éprouve le poète envers le mendiant? Le poète éprouve de l'affection sympathie et émotion pour ce mendiant. Quelle était l'attitude du poète face à ce mendiant? La pensée et le songe Et je lui répondais, pensif et sans l'entendre au vers 15; Je songeais que cet homme était plein de prières au vers 24. Le mendiant est devenu un saint. Relation mystique entre la pauvreté et la dignité. Le regard et la vision Et je regardais, sourd à ce que nous disions au vers 25. Le manteau représente le ciel de la nuit dans lequel la braise, les étoiles, sortent et billent. Le sentiment éveille l'imagination du poète. Sa bure où je voyais des constellations au vers 26la vision envahit tout, le poète poursuit sa vision intérieure. Le poète voit à travers le mendiant, ce dernier prend une autre dimension d'où il lui enrichit l'imagination et le plonge dans un autre monde régi par un halo mystique; en d'autres termes le mendiant symbolise la muse du poète. SynthèseLe poème dresse un tableau d'une scène banale et d'un personnage ordinaire. Il fait l'éloge de la pauvreté en montrant sa valeur spirituelle. Le mendiant consacre sa vie à la prière. Le poète, à travers ce poème dépeint une autre réalité qui repose sur la spiritualité d'un mendiant qui nourrit l'imagination, la vision et les sentiments du poète.
Résumédu document. « À quoi songeaient les deux cavaliers dans la forêt » nous présente deux cavaliers, apparaissant, l'un sous la forme d'un « je », l'autre sous le prénom d'Hermann, galopant dans la forêt dans une scène nocturne. Alors qu'ils ne cessent de galoper, un dialogue semble se créer entre eux. Mais ce dialogue est
Victor Hugo, un écrivain romantique et l’un des plus importants poètes de langue française dans l’histoire du dix-neuvième siècle. Son œuvre littéraire multiple et de grande qualité rencontre un grand succès populaire, à titre d'exemple Les Misérables en 1862, Notre-Dame de Paris en 1831, avec d’autres recueils comme Les Feuilles d'automne 1831, Odes et Ballades 1826, et bien aussi Les Contemplations 1856. Parmi ses plus beaux poèmes que j'ai aimés et aime encore et toujours, L'amour secret ! Poème Amour secret Poète Victor Hugo / Recueil Toute la lyre 1888 et 1893 Amour secret Ô toi d'où me vient ma pensée, Sois fière devant le Seigneur ! Relève ta tête abaissée, Ô toi d'où me vient mon bonheur ! 💗 Quand je traverse cette lieue Qui nous sépare, au sein des nuits, Ta patrie étoilée et bleue Rayonne à mes yeux éblouis. 💗 C'est l'heure où cent lampes en flammes Brillent aux célestes plafonds ; L'heure où les astres et les âmes Échangent des regards profonds. 💗 Je sonde alors ta destinée, Je songe à toi, qui viens des cieux, A toi, grande âme emprisonnée, A toi, grand cœur mystérieux ! 💗 Noble femme, reine asservie, Je rêve à ce sort envieux Qui met tant d'ombre dans ta vie, Tant de lumière dans tes yeux 💗 Moi, je te connais tout entière Et je te contemple à genoux ; Mais autour de tant de lumière Pourquoi tant d'ombre, ô sort jaloux ? 💗 Dieu lui donna tout, hors l'aumône Qu'il fait à tous dans sa bonté ; Le ciel qui lui devait un trône Lui refusa la liberté. 💗 Oui, ton aile, que le bocage, Que l'air joyeux réclame en vain, Se brise aux barreaux d'une cage, Pauvre grande âme, oiseau divin ! 💗 Bel ange, un joug te tient captive, Cent préjugés sont ta prison, Et ton attitude pensive, Hélas, attriste ta maison. 💗 Tu te sens prise par le monde Qui t'épie, injuste et mauvais. Dans ton amertume profonde Souvent tu dis si je pouvais ! 💗 Mais l'amour en secret te donne Ce qu'il a de pur et de beau, Et son invisible couronne, Et son invisible flambeau ! 💗 Flambeau qui se cache à l'envie, Qui luit, splendide et clandestin, Et qui n'éclaire de la vie Que l'intérieur du destin. 💗 L'amour te donne, ô douce femme, Ces plaisirs où rien n'est amer, Et ces regards où toute l'âme Apparaît dans un seul éclair, 💗 Et le sourire, et la caresse, L'entretien furtif et charmant, Et la mélancolique ivresse D'un ineffable épanchement, 💗 Et les traits chéris d'un visage, Ombre qu'on aime et qui vous suit, Qu'on voit le jour dans le nuage, Qu'on voit dans le rêve la nuit, 💗 Et les extases solitaires, Quand tous deux nous nous asseyons Sous les rameaux pleins de mystères Au fond des bois pleins de rayons ; 💗 Purs transports que la foule ignore, Et qui font qu'on a d'heureux jours Tant qu'on peut espérer encore Ce dont on se souvient toujours. 💗 Va, sèche ton bel œil qui pleure, Ton sort n'est pas déshérité. Ta part est encore la meilleure, Ne te plains pas, ô ma beauté ! 💗 Ce qui manque est bien peu de chose Quand on est au printemps vermeil, Et quand on vit comme la rose De parfums, d'ombre et de soleil. 💗 Laisse donc, ô ma douce muse, Sans le regretter un seul jour, Ce que le destin te refuse Pour ce que te donne l'amour ! 💑 5rRq. 324 297 110 96 407 403 215 134 384

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